Dans un secteur aussi concurrentiel et dynamique que la Santé, choisir sa solution de suivi logistique peut s’avérer un vrai casse-tête. Cognizant vous propose une grille de lecture en neuf critères (cinq « must-have » et quatre « nice-to-have ») pour faire les bons choix.
Dans une économie mondialisée et interconnectée comme la nôtre, rares sont les secteurs qui dépendent autant de la supply chain que l’industrie pharmaceutique. Par sa nature même de « sciences du vivant » (qui implique des dates d’expiration serrées et des contraintes réglementaires encore plus strictes) mais aussi par son modèle opérationnel morcelé (qui voit fournisseurs, clients et partenaires interagir aux quatre coins de la planète), l’industrie de la santé est confrontée, plus que toute autre industrie, à un impératif constant d’optimisation logistique.
Dans cet environnement matriciel complexe, en perpétuel mouvement, impossible d’espérer survivre sans recourir à des outils puissants de gestion et d’analyse pour piloter, maintenir et protéger ces différentes opérations.
Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, les laboratoires pharmaceutiques privilégient plutôt une attitude de modération, voire de frilosité vis-à-vis de ces technologies, comme le rapportait une récente étude du cabinet Gartner : d’après celle-ci, moins de la moitié des industriels de la santé (44 %) s’appuieraient sur des outils technologiques d’aide à la décision ou de projection de scenarii pour tenter d’améliorer leurs chaînes logistiques (contre 60 % des fournisseurs de soins, 71 % des industriels et plus de 95 % des répondants parmi les retailers et entreprises technologiques). Et si 69 % des laboratoires prétendaient utiliser des outils d’analytique avancée, seuls 14 % recouraient à l’intelligence artificielle ou au machine learning.
Comment expliquer une si faible mobilisation autour de ces outils alors même que ceux-ci pourraient décharger les industriels de leurs contraintes opérationnelles ? Les industriels de la santé, toujours à la recherche d’une meilleure solution, sont incapables de prendre une décision. Et confrontés à une avalanche d’offres qualitatives sur le marché, y compris de fournisseurs reconnus et déjà triés sur le volet, les décideurs informatiques seraient dans l’incapacité de faire leur choix et préféreraient rester en veille d’une meilleure solution à venir pour eux plutôt que de passer à l’action. Une perplexité accrue par le haut niveau de responsabilité induite par le choix de l’outil et par la faible différenciation observée entre tous ces outils en matière de fonctionnalités.
Cette situation n’est cependant pas tenable dans la durée et il importe de donner à ces décideurs des méthodologies claires pour objectiver leurs choix. D’où la volonté de Cognizant de travailler sur un cadre d’analyse fiable et accessible qui mettrait en avant des critères de choix lisibles pour les acheteurs : d’une part, une liste des fonctionnalités indispensables à trouver dans l’outil sélectionné (les « must-have ») et d’autre part, un inventaire de paramètres qui peuvent apporter un « plus » dans le futur (les « nice-to-have »).
En tant que partenaire de référence des acteurs du secteur pharmaceutique depuis de nombreuses années, Cognizant a pu prendre en compte les besoins propres du secteur et observer la mise en pratique de différents outils pour établir cette liste. En voici donc les premières conclusions.
Les 5 « must-have »
1) L’intégration réglementaire : Peu de secteurs sont aussi réglementés que les industries de santé ; et quand s’ajoutent les dispositions propres à chaque pays sur le processus de production, les normes et standards spécifiques à chaque territoire, la contrainte se transforme bientôt en casse-tête logistique pour fluidifier et harmoniser les flux. Dans ce contexte, toute solution de planification logistique susceptible d’être transposée au milieu pharmaceutique doit être capable d’endosser cette complexité réglementaire et de s’y adapter dynamiquement.
2) La gestion de l’expiration des produits : Toutes les solutions de planification logistique ne se valent pas en matière de précision dans l’évaluation de l’obsolescence du produit… alors même que celle-ci est un indicateur-clé dans le secteur pharmaceutique. Pour être performantes, les fonctionnalités régissant les durées de conservation doivent être capables de calculer les dates d’expiration sur la base de la composition du produit et des circuits de distribution mobilisés, et ensuite de mettre ces données en regard des dates initiales prévues « sur catalogue ». Une analyse comparée permettant d’affiner les dates obtenues et la planification globale des chaînes logistiques qui en découlent.
3) La planification lot par lot : Dans le secteur pharmaceutique, la traçabilité s’effectue lot par lot, avec une planification des flux et des circuits de fourniture amont qui peuvent varier d’un lot à l’autre : gérer cette complexité à l’échelle d’une chaîne logistique entière peut alors s’avérer kafkaïen. Dans le cas d’une mise sous emballage, il est donc indispensable de pouvoir s’appuyer sur des logiciels de suivi logistique pour segmenter correctement les lots par sous-ensembles puis les dispatcher depuis les différents centres de vrac en fonction de la taille attendue des packagings : cela signifie que l’outil doit pouvoir s’adapter à des commandes évolutives qui mobiliseront plus ou moins de lots sur toute la chaîne.
4) L’optimisation de la production : En tant qu’activité industrielle, le secteur pharmaceutique se doit de répondre aux exigences d’optimisation de la production (réduction des coûts, des stocks, de la durée de chaque procédé, etc) par une gestion accrue et détaillée des opérations. Des méthodologies de lean production, de consolidation des tâches (Campaign Planning) ou encore de minimisation des stocks (Production Rhythm Wheel) peuvent ainsi être intégrées directement dans les solutions logistiques pour aider les décideurs dans leurs arbitrages.
5) Une planification granulaire : La plupart des solutions de planification privilégient les considérations tactiques (variations des paramètres de haut niveau), reléguant au second plan les détails plus opérationnels. De plus, elles s’appuient sur une temporalité qui relève de la journée et non d’une durée plus réduite. Dans l’industrie pharmaceutique, le niveau de granularité des enjeux doit conduire les décideurs à opter pour des solutions privilégiant une approche en « heures » et une planification détaillée, y compris sur des éléments opérationnels intermédiaires.
Les 4 « nice-to-have »
Au-delà de ces critères indispensables, il peut sembler intéressant d’adopter une approche avantgardiste lors du choix d’une solution et de rechercher les fonctionnalités qui pourraient donner à l’entreprise un coup d’avance sur ses concurrents. Pour ces laboratoires pionniers ou déjà matures sur le plan logiciel, nous avons travaillé sur une liste de quatre critères à la pertinence accrue dans le contexte si réglementé et internationalisé de l’industrie pharmaceutique.
1) L’optimisation des mobilités : Les laboratoires pharmaceutiques devraient avoir la possibilité d’analyser dynamiquement des options de transports et d’itinéraires pour leurs produits ; à travers des fonctionnalités dédiées à ce sujet, les décideurs IT pourraient favoriser les arbitrages trajet par trajet et viser l’optimisation sur l’ensemble du réseau logistique.
2) L’ESG : Dans tous les secteurs industriels, la comptabilité extra-financière est appelée à se déployer et les laboratoires pharmaceutiques, déjà particulièrement scrutés d’un point de vue réglementaire, seront probablement parmi les plus enclins à assurer un suivi rigoureux des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Dans cette optique, toute solution logicielle de planification qui intégrerait des paramètres de suivi liés aux émissions carbone, à la consommation d’eau, aux usages de carburant, etc. serait vivement souhaitable.
3) Des fonctionnalités d’IA et de machine learning : Même si la grande passion informatique du moment est l’IA générative, nous conseillons aux clients d’adopter une approche mesurée et de ne pas projeter trop d’attentes sur la capacité des logiciels à prendre des décisions automatisées. À la place, nous les invitons à opter pour des solutions de planification prospective capables de livrer des insights qui éclaireront la décision de façon inédite. Par exemple, même si les décideurs IT rêvent tous que l’IA/ML répare automatiquement les pannes de leur chaîne logistique, l’horizon réaliste d’optimisation se situe surtout autour de mécanismes basiques comme la comparaison entre les valeurs réelles de production et les valeurs cibles maintenues par le système – par exemple dans une optique de réduction des délais de fabrication ou de hausse des rendements.
4) Des solutions de type « Tour de Contrôle » : Pour s’assurer que les événements intervenant sur la supply chain sont suivis au plus fin, les laboratoires peuvent opter pour des solutions de type « Tour de Contrôle » qui mettent en avant des KPIs avancés, des systèmes d’alertes et de reporting en temps réel pour mieux réagir et projeter des scenarii alternatifs. Cette fonctionnalité alliée aux autres critères évoqués plus haut peut conférer à l’entreprise une réelle différenciation dans la gestion logistique.
En pleine évolution réglementaire et structurelle, l’industrie pharmaceutique a besoin de s’appuyer sur des outils fiables de suivi logistique, capables de s’adapter aux bouleversements futurs du secteur. Cette tendance prospective ne doit pas gripper le choix des acheteurs IT mais bien les inciter à rechercher les outils les plus intégrés en matière de fonctionnalités. En se concentrant sur les paramètres opérationnels les plus efficaces mais aussi sur les enjeux à venir (mobilités, ESG, aide à la décision, réactivité temps réel), ces décideurs ont toutes les raisons d’espérer prendre le large et maintenir leurs chaînes logistiques (et plus globalement leurs opérations) dans la durée.
Article traduit et localisé à partir de l'article en anglais, Supply chain software for life sciences: a cure for ‘analysis paralysis’, écrit par Sathyanarayana Rao, Manager, Supply Chain Management.