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Cognizant Blog

La Santé n’échappe pas à la longue liste des secteurs que le métavers fascine et repousse à la fois. Prendre le risque de s’y perdre n’est pas une option. Passer à côté de son potentiel non plus. Voici quelques recommandations pour permettre aux acteurs du secteur de dépasser leurs préjugés et d’avancer pas à pas, de façon pragmatique, sans compromettre leurs options futures. Une façon de se préparer, en quelque sorte, à l’inattendu.

Dans une industrie comme celle de la Santé où les process se doivent d’être balisés et rationalisés, est-il pertinent d’envisager des cas d’usage du métavers ? À première vue, l’imprévisibilité totale de ce nouveau média ainsi que son évolution constante semblent plutôt pencher en faveur d’une méfiance (ou, du moins, d’une prudence) de rigueur.

Car le métavers peine encore à assumer toutes ses promesses : présenté comme un espace interopérable et persistant dans lequel les individus peuvent échanger virtuellement, se déplacer et travailler sous une identité numérique unique, le métavers est encore loin d’atteindre l’âge de raison. Sa structure actuelle est composée d’une multitude de plateformes, d’applications et de jeux, coexistant autour d’un ensemble commun de briques technologiques à l’origine de ces expériences : réalité augmentée (AR), réalité virtuelle (VR), blockchain, big data, gamification… pour n’en nommer que quelques-unes.

Face à tant d’incertitudes, il est peu surprenant que les acteurs de l’industrie pharmaceutique (dont les projets ont un impact direct sur la santé publique) aient jusqu'à présent observé le métavers de loin et se soient engagées très lentement dans son exploration. 

Et pourtant… l’ADN du secteur pharmaceutique repose en partie sur l’expérimentation scientifique, la découverte de l’inconnu et la prime aux plus aventureux. Après tout, les thérapies les plus révolutionnaires n’ont-elles pas vu le jour au prix d’explorations inédites ?  

Alors… pourquoi pas le métavers ? 

Même si celui-ci est encore en cours d’évolution, des arguments rationnels penchent désormais en faveur d’une investigation plus poussée : d’abord l’immensité de son potentiel, mais aussi le faible coût d’opportunité que son exploration représente actuellement (à savoir des barrières à l’entrée succinctes). 

Des promesses pas si virtuelles

Quel est le potentiel du métavers ? Dans le domaine de la Santé, la capacité du métavers à créer un lien entre le monde physique et digital porte intrinsèquement une promesse d’avancées scientifiques et d’amélioration des résultats cliniques. Le métavers pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches digitales en matière de prise en charge et à des modèles beaucoup plus orientés sur la valeur ajoutée offerte au patient – en facilitant et encourageant la prise en compte de résultats mesurables dans le monde réel. 

De même, ce basculement dans le métavers pourrait signer l’acte de légitimation (et donc de généralisation) du partage de la donnée et de l’interopérabilité au sein du monde médical et pharmaceutique, permettant à celui-ci d’optimiser ses coûts opérationnels et d’améliorer ses échanges avec toutes ses parties prenantes. Bien évidemment, cela suppose la mise en place de protection de ces données by design avec une réglementation proposant un cadre adéquat.  

Enfin, l’utilisation du métavers pourrait également faciliter grandement la collaboration entre donneurs d’ordre, fabricants et fournisseurs, contribuant ainsi à améliorer le développement des thérapies.

Les cas d’usage semblent donc nombreux, avec une pluralité d’objectifs et d’applications. En voici quelques exemples :

  • Des jumeaux numériques pour simuler la fabrication de médicaments : les laboratoires pharmaceutiques pourraient être amenés à dupliquer leurs infrastructures physiques dans le monde virtuel pour faciliter la compréhension des processus de fabrication – que ces initiatives aient ensuite pour but de former les employés, de communiquer auprès de tiers ou encore d’explorer les mécanismes à l’œuvre dans la conception d’un médicament. Usages : formation des équipes, démos lors d’événements professionnels… 
  • La réalité virtuelle (VR) pour booster les thérapies de groupe : les acteurs de la Santé pourraient également utiliser des simulations en VR pour créer des communautés de patients autour d’une intervention thérapeutique précise (et ainsi réduire les risques d’isolement et de mal­être). Usages : réduction des phénomènes d’addiction, gestion du stress et de la douleur… 
  • La visualisation en 3D pour faciliter la collaboration en distanciel sur la Recherche : grâce à des modèles holographiques en trois dimensions, les chercheurs pourraient représenter dans l’espace des données de structures moléculaires et faciliter ainsi une collaboration immersive et dynamique entre équipes, y compris à distance. Il leur faudra simplement appuyer cet usage sur une technologie blockchain pour sécuriser les accès et actions des personnes autorisées. Usage : conception de nouveaux médicaments… 
  • La réalité virtuelle pour améliorer la prévention : se déplacer dans univers virtuel permet à tous une expérience plus intuitive pour découvrir des traitements appropriés en cas de « petits problèmes de santé » ou pour améliorer son bien-être. Il suffit d’entrer dans une boutique virtuelle om dès l’accueil des questions permettent de qualifier le besoin et l’urgence pour être dirigé ensuite au bon endroit pour obtenir l’information et/ou passer commande. Usage : accès aux “drugs over the counter (OTC)”, médicaments ne nécessitant pas de prescriptions (contre les maux de têtes ou les douleurs bénignes par exemple), propositions d’activités pour améliorer le bien-être…
Trois conseils avant de se lancer 

Tous ces arguments militent donc en faveur d’une expérimentation sans délai du métavers par le secteur pharmaceutique. En effet, tout report pourrait rapidement se muer en retard face à la concurrence, ce qui aurait des conséquences dommageables à moyen terme.  

Mais pour se lancer, encore faut-il quelques directions : voici donc trois conseils pour vous guider sur ce chemin encore inexploré. 

1) Considérer le métavers comme « un canal de plus » 

Afin de relativiser les choses concernant le métavers, nous avons l’habitude de dire aux laboratoires pharmaceutiques que celui-ci n’est qu’un canal (ou moyen) de plus dans la succession de médias ayant vu le jour depuis quelques décennies – de l’édition à la télévision, en passant par la radio, jusqu’à Internet et les réseaux sociaux. Dans cet enrichissement progressif de l’interaction avec l’usager, l’élément déclencheur d’un changement de génération est bien souvent le degré d’immersion qui ne cesse de croître. 

Dernier-né de cette évolution continue, le métavers apporte une nouvelle pierre à l’édifice : certes, il permet de s’immerger dans un monde virtuel, mais il introduit également la notion de synchronicité avec d’autres utilisateurs. L’interaction, ici, est envisagée dans une double dimension : avec le monde virtuel d’une part, et avec les autres usagers de ce monde d’autre part. Sans compter que la réalité augmentée apporte une nuance supplémentaire en créant un espace d’interaction à la lisière entre monde physique et monde virtuel pour ces individus. 

C’est cette vision qui doit prévaloir au sein des laboratoires pharmaceutiques à l’heure de concevoir leur parcours dans le métavers : une vision qui place l’expérience des professionnels de santé et des patients au cœur des préoccupations, avec l’ambition de renforcer l’immersion et la richesse des échanges.

Dans le domaine des relations avec les médecins par exemple, la notion d’engagement digital se résume aujourd’hui trop souvent à des présentations PowerPoint, des captures d’écran et, parfois, des vidéos d’information. Dans le métavers, il est désormais envisageable qu’un représentant spécialisé utilise un modèle en 3D pour expliquer à un oncologue comment le médicament présenté est censé affecter les récepteurs des lymphocytes T – ce type de démonstration permettant de renforcer le niveau d’interaction avec le médecin, et donc le niveau d’implication et d’engagement du laboratoire auprès de celui-ci. 

2) Partir petit mais rêver grand

Autre préjugé contre lequel nous luttons quand nous accompagnons des acteurs du secteur : non, le métavers ne réclame pas forcément de nouvelles compétences ou de nouvelles fonctionnalités, à partir du moment où il existe déjà un socle technologique robuste.

En effet, cela fait plusieurs années que nous aidons les laboratoires à construire des briques technologiques comme des jumeaux numériques d'usine, des simulations VR et des visites virtuelles de laboratoire de nouvelle génération. 

Celles-ci ne sont rien de moins que les bases du métavers.  

Et s’il existe bien une « recette inédite » du métavers, ce n’est pas l’infrastructure technologique qui la crée mais plutôt la convergence de ces outils pour former une plateforme ouverte et collaborative. 

Voilà pourquoi les laboratoires pharmaceutiques doivent en premier lieu concevoir leur approche métavers sous l’angle d’une plateforme et non d’une série d’initiatives ponctuelles. Créer un module de formation en réalité virtuelle où les employés vont enfiler un casque, découvrir virtuellement l’usine, compléter le programme de formation et… ne jamais réitérer l’expérience, n’est pas en soi une initiative métavers. Ce qui lui vaudrait cette qualification serait plutôt de concevoir un jumeau numérique de cette même usine, d’y connecter simultanément plusieurs utilisateurs et de leur permettre d’explorer, découvrir et expérimenter ensemble plusieurs cas d’usage (dont le fameux module de formation VR). 

Voilà pourquoi le principal enseignement que nous souhaitons partager sur le métavers est que la valeur ajoutée de celui-ci réside dans son caractère ouvert. Si les laboratoires adoptent une vision trop étroite centrée sur un use case, ils risquent de passer à côté du potentiel réel de ce nouveau média. Seule l’intégration de ce (ou ces) cas d’usage dans un écosystème plus large leur permettra à terme de délivrer une valeur plus élevée. 

3) Se laisser aller… tout en gardant le cap

Pourquoi qualifie-t-on le métavers « d’ouvert » ? D’abord parce qu’il n’a pas encore atteint sa pleine maturité et que son identité reste donc à construire. Ensuite parce que sa nature intrinsèque centrée sur la collaboration en fait un outil constamment itératif et adaptable, au contraire d’autres technologies davantage focalisées sur les résultats délivrés. Si les utilisateurs du métavers laissent à la plateforme la possibilité de faire vivre et évoluer les cas d’usage (comme nous le recommandons ci-dessus), alors ces cas d’usage vont peu à peu en faire émerger de nouveaux et ainsi de suite. 

Dans le domaine hospitalier, il est envisageable qu’un jumeau numérique centré sur des services de soins courants soit mis à profit par un visiteur médical MSL (medical science liaison) pour faire une démonstration à des professionnels de santé.

Ce type d’exemples appelle donc à des expérimentations et une vision empirique du métavers. Mais attention : celle-ci ne doit pas s’orienter tous azimuts. Sur ce chemin exploratoire, il sera nécessaire de trouver des objectifs intermédiaires, des « quick wins » capables de rassurer les parties prenantes, de cibler des domaines­clés et de légitimer des avancées supplémentaires. Ce qui implique également de concevoir les cas d’usage au-delà d’une vision normée, de type « un problème, une solution », comme c’est le cas parfois dans les grands groupes : là-dessus la doxa actuelle de l’univers start-up sur la « pivotabilité » ou « l’adaptabilité » doit servir de maître mot en matière de design.

Pour donner des exemples concrets de réflexions et questionnements à formuler sur cette base : 

  • À quelle vitesse est-il possible faire évoluer une application de formation VR pour la rendre multi­utilisateurs ou pour ajouter un degré de gamification ? 
  • Les capteurs et la connectivité conçus pour le cas d’usage initial ont-ils la flexibilité et la résilience nécessaires pour prendre en charge d'autres cas d’usage encore indéfinis ?
  • Comment les données issues de l'Internet des objets (IoT) peuvent-elles faire évoluer le jumeau numérique pour le rendre plus crédible et précis à l'avenir ? 
Le métavers ? Un muscle à exercer

Cet article l’aura montré : actuellement, le principal défi d’une stratégie métavers est de combler le fossé entre les attentes et la réalité – c’est-à-dire se projeter sur l’outil qu’il pourrait être demain au regard de ce qu’il est aujourd’hui. En restant très pragmatique et en ciblant la conception sur ce qu’il est aujourd’hui, le risque est de se retrouver avec une suite d’applications AR/VR qui n’exploitent pas vraiment son potentiel ouvert et collaboratif. À l’inverse, en se projetant démesurément vers l’avenir et en concevant la plateforme sur la base des promesses véhiculées, le risque est de gaspiller du temps et de l’énergie et de passer à côté de ces petits gains intermédiaires qui permettent de justifier budgétairement la démarche auprès du top management.

Assez logiquement, l’équilibre réside entre ces deux extrêmes. Et pour trouver celui-ci, nous encourageons les laboratoires et acteurs du monde de la Santé à considérer la démarche métavers comme un muscle à exercer. C’est-à-dire, comme s’il fallait préparer chaque jour l’organisme à accueillir de nouveaux défis, de nouvelles épreuves. De la même manière qu’un muscle prend forme, le métavers se structure et se renforce au fil des exercices qu’on lui donne, et se rend ainsi plus souple et flexible pour les projets futurs. Une préparation physique et mentale à ce qui reste un champ souvent sous-estimé mais si précieux de l’économie : l'inattendu. 



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Guide pratique du métavers

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